TRANSITION ÉCOLOGIQUE DES ÉCOLES DU VAL-DE-MARNE

RETOUR SUR LA MATINÉE D'ÉCHANGES DU 25 JANVIER 2024

Aujourd’hui plus de 650 écoles maternelles et élémentaires sont recensées dans le département du Val-de-Marne. Depuis la fin du XIXème siècle, les équipements scolaires structurent les tissus urbains des anciens bourg en cours d'expansion et des nouveaux quartiers. Leur emplacement et leur architecture reflètent les étapes de l'urbanisation, mais aussi l’évolution des directives et des modes constructifs.

Le rapport d'information n° 800 du Sénat (déposé le 28 juin 2023), intitulé "Transition écologique du bâti scolaire : mieux accompagner les élus locaux", rappelle les échéances exigeantes fixées par le décret tertiaire en vue de la rénovation obligatoire des bâtiments publics. Il est notamment imposé de réduire leur consommation énergétique de 40% d’ici 2030, de 50% d’ici 2040 et de 60% d’ici 2050. Les municipalités doivent donc affronter les difficiles questions de la maîtrise des consommations énergétiques et de la réhabilitation globale de leur patrimoine.

Par ailleurs, les protections des bâtiments scolaires sont peu nombreuses et ne traduisent pas leur richesse et leur diversité, en nombre et en qualité. Le patrimoine scolaire est aujourd'hui inégalement étudié et reconnu. Seul 1% des classements ou inscriptions à l’échelle nationale concerne l’architecture scolaire, dont une minorité est postérieure à la Révolution française. En effet, l’État a limité jusqu’à la fin des années 1980 les protections aux édifices antérieurs à cette période. Au delà des protections par les services de l’État, le patrimoine scolaire est peu reconnu par les municipalités au titre du bâti remarquable selon l'article L. 151-19 du Code de l’Urbanisme, bien qu’il représente la moitié des bâtiments publics des collectivités territoriales.

L'urbanisation dans le Val-de- Marne s'intensifie à partir de la première moitié du XXème siècle, comme dans tous les départements de la proche couronne francilienne. Le Val-de-Marne bénéficie de quelques établissements d’exception, déjà reconnus par une protection au titre des Monuments Historiques (Condorcet à Maisons-Alfort ou Karl Marx à Villejuif), mais aussi de centaines d’établissements dont la connaissance reste lacunaire.


C’est pourquoi le CAUE du Val-de-Marne a entrepris une étude patrimoniale sur l’architecture scolaire du Grand Paris Sud Est Avenir.
Une première phase de recherche portée par Franca Malservisi et Raphaëlle Saint-Pierre a permis d’établir un inventaire ainsi que des fiches documentaires, destinées à nourrir la réflexion sur la prise en compte de l’existant dans le cadre des projets de réhabilitation. Classé par période, par typologie et par technique constructive, le recensement de ce patrimoine offre un panorama des solutions architecturales adoptées pour répondre aux besoins en équipements scolaires jusqu’aux années 1980. Les 14 fiches, réalisées sur des bâtiments représentatifs identifiés par typologie et par période, visent à connaître de manière approfondie les équipements scolaires de la deuxième moitié du XXème siècle, pour en assurer la pérennité et une adaptation respectueuse des qualités de l’existant. Cette période d’urbanisation rapide dans le Val-de- Marne est en effet celle de l’apparition de nouvelles typologies d’établissements scolaires et de nouvelles solutions constructives : diffusion de modèles au cours des années 1950, politique de soutien des procédés constructifs et de la préfabrication, renouvellement de l’architecture scolaire pendant les années 1970. L’architecture scolaire d’après-guerre est amenée à se transformer pour deux raisons majeures : l'adaptation à l'évolution des effectifs, d’une part, l’urgence de la rénovation énergétique et thermique, d’autre part.

 



L’étude du CAUE se poursuit afin d’établir une recherche approfondie sur l’ensemble du territoire du Val-de-Marne. L’objectif est double : contribuer à la connaissance visant une évolution adaptée de l’existant, et nourrir les projets à venir.
Les nouveaux programmes d'équipements scolaires peuvent en effet s’inspirer des exemples produits dans les décennies passées, dont les qualités spatiales et pédagogiques ont été reconnues. Qu’il s’agisse de réhabilitations thermiques globales ou de nouvelles réalisations, le but de l’étude menée par le CAUE est d’accompagner les acteurs du territoire, et notamment les municipalités, dans l’évolution de leur bâti scolaire face aux enjeux climatiques.


Le gouvernement a annoncé au printemps 2023 un grand projet de “restauration écologique” des écoles à échelle nationale. Les 49 000 écoles publiques représentant plus de 50 millions de mètres carrés et environ un tiers des équipements publics, l’adaptation aux enjeux environnementaux du bâti scolaire est en effet une, sinon la pierre angulaire de (la territorialisation de la) transition écologique. 

L’annonce de ce projet s’inscrit dans la continuité d’une politique générale déjà en place depuis 2015 par l'obligation réglementaire du décret tertiaire.

Pour atteindre des objectifs ambitieux, il est important de les avoir en tête dès le démarrage du projet de rénovation, et de prendre appui sur une vision globale de l’état du bâtiment. Ainsi, des besoins raisonnables seront définis et les solutions les plus soutenables pour les satisfaire seront mises en place. Une démarche en trois temps, généralisée par l’association négaWatt dès sa création en septembre 2011, explicite les étapes essentielles d’une rénovation énergétique performante.

La sobriété tout d’abord, qui consiste à interroger nos besoins puis agir à travers les comportements individuels et l’organisation collective sur nos différents usages de l’énergie, pour privilégier les plus utiles, restreindre les plus extravagants et supprimer les plus nuisibles ; l’efficacité ensuite, qui consiste à agir, essentiellement par les choix techniques en remontant de l’utilisation jusqu’à la production, sur la quantité d’énergie nécessaire pour satisfaire un service énergétique donné ; le recours aux énergies renouvelables enfin, qui permet, pour un besoin de production donné, d’augmenter la part de services énergétiques satisfaite par les énergies les moins polluantes et les plus soutenables.” 
 

Écoles en chantiers


Lors d’une présentation destinée aux élus du Val-de-Marne ainsi qu’aux services techniques des collectivités, le CAUE 94 et son Agence de l’énergie ont pu présenter cette démarche, avec une application directe à deux exemples de projets de rénovation d’école. Ces cas concrets ont permis d’illustrer différentes stratégies environnementales.

Le premier projet est le groupe scolaire Rabelais, à Montrouge (92). Celui-ci a la particularité de réunir deux constructions d’époques différentes : l’un de 1898, et l’autre de 2002. Cette configuration a représenté un enjeu dans la stratégie de rénovation. Les matériaux constructifs - la pierre et la brique - utilisés dans le bâtiment fin XIXème ont été pris en compte dans le choix des matériaux isolants et de leur positionnement. La façade de ce même bâtiment relève d’une qualité patrimoniale certaine, qui a été valorisée dans la stratégie retenue. 
Le bâtiment le plus ancien est isolé par l’intérieur, en fibre de bois, ce qui permet de respecter la perspirance du mur de pierre. Le centre de loisirs est ré-isolé, par l’extérieur. Toutes les menuiseries sont remplacées, et des systèmes de génie climatique high-tech sont mis en place : une pompe à chaleur qui alimente les réseaux de chaleur des deux bâtiments, et des radiateurs numériques, utilisant la chaleur dégagée par des microprocesseurs en calcul. Une ventilation double flux assure le renouvellement et le préchauffage de l’air. 


Groupe scolaire Rabelais, à Montrouge / Avant et après rénovation © Ville de Montrouge

Une contrainte de taille a guidé la stratégie rénovation du second projet présenté, l’école Bois Perrier, à Rosny-sous-Bois (93) : sa façade vétuste était impossible à garder car elle présentait un parement déjà très dégradé, avec des nombreux ponts thermiques. La volonté de la maîtrise d’œuvre  était d’agir le plus sobrement possible.
Les façades du bâtiment sont isolées par l’extérieur, en bottes de paille (d’Île-de-France) et de Kernza  (de Normandie) portées par une structure extérieure autoportante en bois feuillu. Une attention particulière est portée au confort d’été : des protections solaires sont intégrées dans le dessin de la façade Sud, et un système de tours à vents permet une ventilation naturelle double flux sans moteur. L’été, l’air est naturellement rafraîchi. Le système de chauffage principal est un poêle de masse, permettant une restitution lente de chaleur.

En plus des interventions techniques, les rénovations visent à mettre en place de nouvelles pratiques allant vers plus de sobriété. Les régulations du chauffage et de l’éclairage sont optimisées afin de les adapter aux nouvelles performances des bâtiments. A Rosny-sous-Bois, par exemple, des pulls seront mis à disposition des enfants en cas de froid, afin de remettre au goût du jour des principes de bon sens parfois un peu oubliés tels que “se couvrir plutôt que d’augmenter le chauffage”. Ces interventions et sensibilisation à des pratiques sobres sont d’autant plus importantes qu’elles concernent des écoles fréquentées par toutes et tous, véritables points de rencontres dans le quartier.

 

Ecole Bois Perrier, à Rosny-sous-Bois / Avant et après rénovation © Ville de Rosny-sous-Bois

Ces projets de rénovation permettent d'économiser théoriquement 40% des consommations pour le groupe scolaire Rabelais, et 80% pour l’école Bois Perrier. Ils figurent deux stratégies de rénovation, avec des enjeux et des réponses différents : le groupe scolaire montrougien privilégie des technologies poussées et high tech, tandis que l’école Bois Perrier propose une stratégie du moindre coût et tente de minimiser l’usage de la technologie dans le bâtiment en mettant en place des systèmes sobres et efficaces. 


Des aides financières

 

40 000 rénovations d’écoles d’ici 2033 (soit 90% du parc de bâtiments scolaires), telle est l’annonce du gouvernement.
Pour accompagner les communes dans ces projets, des aides financières sont mises en place, dont plusieurs créées en 2023.
La présentation du 25 janvier fut l'occasion de les présenter rapidement. Les principaux interlocuteurs pour ces aides sont la Métropole du Grand Paris, la Préfecture du Val-de-Marne et la Banque des Territoires. Les aides peuvent couvrir de 20% à 80% du coût des travaux de rénovation énergétique, et aider financièrement tant aux études préalables qu’à la mise en œuvre.
Une seconde réunion d’information, ciblée sur les aides financières mobilisables, sera organisée par le CAUE et l’Agence de l’énergie le 24 avril prochain. Elle sera l’occasion de rencontrer des représentants des structures d’aides financières (MGP et Banque des Territoires), qui pourront répondre directement aux questions des collectivités.


Quel rôle pour le CAUE du Val-de-Marne et son Agence de l'énergie ?

 

Face aux enjeux et complexités de la rénovation des écoles, le CAUE et l’Agence de l’énergie du Val-de-Marne peuvent accompagner les villes dans leurs projets. Les missions d’accompagnement restent à préciser.
 

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